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Les uns sont arrivés par bateau ; les autres ont atteint la rive sur des radeaux de fortune. Qu’ils soient tirailleurs ou migrants, ils viennent tous d’ailleurs, passant d’un port à l’autre, d’une gare à l’autre dans une profonde solitude.Ils font la queue devant les préfectures. Ils attendent dans les tranchées.Arrachement à la terre natale, départ douloureux, souffrance, résilience, errance et mélange de nostalgie, les destins s’entrelacent et les chemins s’entrecroisent.Ces textes se chevauchent, se nouent, tentant de retracer les trajectoires poussiéreuses cousues d’illusions, de colmater les rêves écrasés sur les routes de l’exil et dans l’incertitude des nuits d’hiver.Dans leurs plaidoiries, la mémoire est leur seule pièce à conviction, mais ils ont oublié que l’histoire n’est pas un laissez-passer !Je lève mes vers à tous ceux qui ont dû quitter leur terre, leurs racines, et qui portent en eux les cicatrices de l’éloignement.