Espaces monastiques au féminin

« Au théâtre de la mémoire les femmes sont ombres légères », écrivaient il y a trente ans Michelle Perrot et Georges Duby. Combien légères sont de fait les nonnes du Moyen Âge et de la première modernité, doublement dissimulées derrière la grille de leur clôture et derrière la bure, la guimpe, le voile qui effacent leur corps. Elles ont cependant une supériorité sur beaucoup de leurs contemporaines, qui est d’avoir laissé en témoignage de leur vie consacrée nombre d’édifices construits et aménagés pour elles et dont l’examen peut contribuer à révéler leur quotidien.Rien de plus naturel, alors, que de susciter autour de ces traces de la vie régulière au féminin la rencontre de chercheuses et de chercheurs en histoire et en archéologie. Depuis Vienne sur le Rhône, qui a été le point de départ de cette enquête, jusqu’à l’Italie, la Provence, la Suisse ou la Saintonge, dix-neuf auteurs offrent ici une première exploration d’un monde plus varié et complexe qu’il n’y paraît.