Les fermetures d’usine et les licenciements enmasse sont devenus l’actualité et représententla crise. Les ouvriers combattent, tentant de défendre un emploi qu’ils savent le plus souventirremplaçable, cristallisant dans leur combat la rupture entre économie réelle et économiespéculative. Rupture exacerbant l’insoluble déséquilibre des échelles : à l’échelle d’un patrond’entreprise, lequel doit toujours libérer plus de bénéfices, ces licenciements ne sont que desmoyens de s’ajuster et de s’adapter à de nouvelles donnes ; à l’échelle individuelle, chaquelicenciement signifie le plus souvent l’entrée dans un sombre tunnel dont on voit rarement le bout...Dans cette série photographique, Caroline Bach est retournée sur les sites où des conflits avaienteu lieu, parfois un an plus tard, enregistrant les traces laissées par les combats, comme un dernierhommage à ces combats collectifs. Ses photographies renouvellent le genre du paysage: les lieuxsont choisis pour lamémoire qu’ils continuent de porter, des traces quelquefois à peine lisibleslaissées après des périodes de confrontations sociales : l’image en creux d’une action révoluequi échappe au constat journalistique.Dominique Baqué accompagne les images d’un texte ouvertement engagé politiquement tout enreplaçant l’aspect photographique dans une réflexion plus large sur la représentation du travail.