Dans l’analyse de l’histoire, il n’est pas toujours nécessaire d’attendre pour se faire le témoin, le chroniqueur et l’analyste de ce qui se joue sous nos yeux. Il est même des événements qui ne peuvent être compris que par ceux qui les vivent. Les processus révolutionnaires sont de ceux là. Faits, situations, événements, circonstances s’inscrivent tous dans une matrice dont les composantes historiques, confessionnelles, culturelles, ethniques, politiques, géographiques, économiques, déterminent – et par conséquent orientent, particulièrement dans l’Orient proche – les grands accidents contemporains de l’aventure humaine. Les saisons qui auront rythmé les Révoltes arabes sont de cet ordre… Saisons à la fois immuables en leur succession et changeantes dans leurs modalités. Leur imprévisibilité relative de leurs soudains débordements ne se conçoivent que parce qu’ils suivent en réalité le lit déjà tracé d’un fleuve : celui que dessine à la fois le jeu des tensions internes à chaque pays et celui de l’architectonie dynamique des rapports de puissance et d’influence à l’œuvre dans un monde en recomposition, et, corrélativement, en “décomposition“ ! Monde en proie à de sourdes rivalités et à des luttes inexpiables pour la conquête, la captation et le contrôle des ressources vitales et les “marchés“, débouchés indispensables sans lesquels l’Économie ne saurait exister.Au fond, les Printemps arabes, et aujourd’hui leurs Automnes précoces, notamment celui qui enveloppe la Syrie d’un voile crépusculaire, ne sont que l’expression de forces cachées aux yeux inavertis. De celles dont il importait de livrer l’accès au lecteur soucieux de déchiffrer le livre du temps en dépit de multiples ratures et macules qui en obscurcissent les lignes et le rendent si difficile aux profanes… Prompts alors à prendre pour argent comptant les présentations simplifiées qu’en font de pernicieuses propagandes !
