Les lettres rassemblées dans cet ouvrage sont les traductions françaises des écrits manuscrits de Cantor, tels qu’ils se donnent à lire dans son Nachlass. Inédites pour la plupart d’entre elles, elles offrent au lecteur, pour la première fois dans l’histoire, l’occasion de se faire une idée précise des enchaînements ayant conduit à l’élaboration de son œuvre et de sa pensée. Au centre du débat, une question : celle de l’infini. Existe-t-il des nombres infinis ? Comment sont-ils définis ? Qu’est-ce qui distingue l’infini numérique des autres types d’infinis ? Dieu lui-même est-il infini ? En quel sens ? En quoi l’infini divin se distingue-t-il à son tour de l’infini mondain ? L’infini existe-il seulement abstraitement comme idéalité mathématique ou également concrètement comme réalité du monde créé ? Comment ce dernier infini se caractérise-t-il ? Comment pouvons-nous le reconnaître ? Telles sont quelques-unes des questions fondamentales que Cantor s’attache à traiter dans ce volet de sa correspondance. Au terme d’une démarche généalogique digne d’Aristote et des plus grands scolastiques, Cantor nous montre en effet ici, en authentique philosophe et en vrai métaphysicien, comment sur cette question vitale pour l’esprit s’articulent les principales traditions de pensée. Non content d’expliciter sa propre conception, il nous donne ainsi à voir les grandes lignes de crête le long desquelles s’articulent et se déploient les principales conceptions métaphysiques en présence dans ce débat, clarifiant du même coup le débat et montrant la supériorité tant conceptuelle que logique de sa propre conception.Entre histoire, métaphysique, cosmologie, physique et mathématique, ce troisième tome de la correspondance inédite de Cantor nous fournit ainsi un témoignage indispensable sur le rapport qui subsiste entre philosophie, théologie et mathématiques.
