Demos est un petit nom de classe, un diminutif pour parler vite, aller à l’essentiel quand on m’appelle. J’y vois un signe d’affection, l’impérieuse injonction de me soucier d’un peuple, de veiller à ce qu’il vienne au gala des mots, ni en tribus identitaires, ni en foule en colère, mais en petite bande amoureuse, comme les échappés du dernier kilomètre, avec une même et convulsive splendeur en ligne de mire.Aucune égalité n’est requise quand on vise le luxe d’une banquise, quand les paysages sont silencieusement sauvages, quand les ciels rouges s’ébrouent avec les loups. Aucune égalité n’est respectée, quand on décide de coudoyer une invincible beauté, quand on endosse l’humilité du fol guerrier, quand on décide, une fois pour toutes, d’y aller seul. Aucun peuple. Aucun peuple ne suit. Aucun peuple ne cause au néant. Tous les autres mentent.Le livre, il suffisait de trois mots pour l’écrire : assuétude, épiphanie, nostalgie. Nous étions trois aussi, agenouillés au pied du lit, les coudes plantés dans l’édredon, une mère et deux _ls, à réciter la prière journalière avant d’éteindre la lumière. Je me réveille. Je ne vois plus ma mère. Je questionne un mur. Qu’est-ce que c’est, au juste, qu’une prière ? D’une abyssale ignorance saurais-je faire une espérance ?Je me souviens de la musique des préaux et j’entends la clameur qui me baptise tout haut Demos, du nom qui désigne un peuple hellène.