De Journal intime, Serge Daney écrivait que c'était un « des films les plusdéchirants qui soient ». C'est à cette déchirure – cet écartement entre angoisseet sérénité, exode et séjour, vide et plénitude, nostalgie et renoncement – quece livre réfléchit. Si le film de Valerio Zurlini est si « déchirant » c'est qu'il peintun tableau de la vie nue. À savoir le tableau d'une vie strictement privée, une vieprivée de tout, une vie apolitique, une vie qui n'est pas porteuse de possibles, unevie désoeuvrée, une vie pauvre. C'est que Journal intime est un tableau de « cettevie nue que la modernité crée nécessairement en elle-même, mais dont laprésence est absolument intolérable » comme l'écrit Agamben.Bien qu'il ait obtenu le Lion d'or à la Mostra de Venise en 1962 (ex-aequo avecL'Enfance d'Ivan d'Andrei Tarkovski) le chef d'oeuvre de Zurlini est un peu oubliéaujourd'hui. Il nous fallait tâcher de réparer cet oubli.