Métaphore et discours amoureux dans "Délie" de Maurice Scève
Depuis 1544, Délie, de Maurice Scève, affiche le paradoxe d`un discours amoureux épris de lumière et de vérité, mais cultivant l`obscurité. Pourtant, sa résistance à l`interprétation s`atténue si l`on renonce aux approches obvies (néo-platonisme, pétrarquisme, etc.), que déjoue finement le détail du texte, pour emprunter une voie nouvelle en y étudiant de près l`usage de la métaphore, révélateur privilégié de l`univers de représentation du poète. Après une définition pragmatique du trope en question, l`enquête montre des enseignements statistiques a priori déconcertants ; c`est ensuite l`univers topique des comparants, exploré sur le double plan de leur thématique et de leur mode d`apparition, qui dessine les pleins et les déliés d`un imaginaire singulier ; les lignes de force, les irrégularités, et même les lacunes, en termes de distribution, de valeur sémantique et d`intertextualité, vont peu à peu faire émerger un " jeu " spécifique de la métaphore, et ses vertus dialectiques. Matériau essentiel, et non simple ornement, d`un édifice voué aux " silentes clameurs " de l`adoration et du combat, la métaphore scévienne met un système d`identifications au service de la reconquête d`une identité, et dévoile un sujet qui ne concentre l`expression que pour s`épanouir dans l`inscription.