Le signifiable par complexe

En 1936, Hubert Élie, ancien élève de l’École des Chartes, qui avait commencé quinze ans plus tôt une carrière diplomatique, publiait chez Vrin une thèse remarquable, récemment soutenue, sous le titre assez curieux : Le complexe significabile.Hors du cercle des médiévistes, Hubert Élie est certainement plus connu pour avoir initié la traduction française des Recherches Logiques de Husserl, en 1959 les Prolégomènes à la logique pure, puis, avec la collaboration de plus jeunes chercheurs (Lothar Kelkel et René Schérer) l’ensemble des six Recherches (1961-1963). On ne verra là ni rupture, ni hasard. Ce parcours, assez atypique en apparence, témoigne pourtant d’une culture assez rare et d’une curiosité philosophique aujourd’hui encore peu commune : sous le terme technique, assez opaque, de complexe significabile, se trouve en effet abordée la question du « signifiable par complexe », autrement dit du signifié de la proposition et de son statut objectif, alors même que les termes de celle-ci sont dépourvus de toute référence ontologique.