Voyageur et physicien du globe au XIXe siècle
Préface de Jean DercourtSecrétaire perétuel de l'Académie des sciencesAntoine d'Abbadie (1810-1897) fut une personnalité exceptionnelle et méconnue du XIXe siècle. Explorateur et géographe, il parcourut l'Éthiopie pendant dix ans, nu-pieds, sans armes et vêtu comme les Éthiopiens. Il voulait « rétablir la foi chrétienne » et découvrir les sources du Nil. Linguiste, il avait appris et parlait les langues éthiopiennes, en plus de l'arabe et de ses langues maternelles : le français, le basque et l'anglais (il était né en Irlande, d'un père basque et d'une mère irlandaise). Il composa le premier dictionnaire français de l'amharique et rapporta de nombreux manuscrits éthiopiens. Géodésien, il leva la carte d'une bonne partie de l'Éthiopie, avec sa méthode de « géodésie expéditive ». Physicien du globe, il mesura, avec un appareil de son invention, les déviations de la verticale causées par l'attraction lunaire et coopéra avec de nombreux savants européens, tel que Georges Darwin. Il fut membre et président de l'Académie des Sciences, de la Société de Géographie, de la Société de Linguistique, membre du Bureau des longitudes, etc. À Hendaye, il se fit construire par Viollet le Duc un magnifique château néo-gothique, qu'il nomma Abbadia, qui comprend son observatoire et une chapelle et qu'il légua à sa mort à l'Académie des Sciences. Remarquablement conservé et restauré avec son ameublement original, il est accessible au public. Il existe de nombreuses notices biographiques (qui, en général, se recopient), mais l'oeuvre ethnographique et scientifique d'Antoine d'Abbadie est dipersée dans de nombreuses publications. Le but du présent ouvrage est de s'attacher aux deux aspects essentiels de l'oeuvre de ce savant, en les replaçant dans le contexte de l'époque. Nous utiliserons pour cela, outre les articles scientifiques d'Antoine d'Abbadie, sa correspondance conservée à la bibliothèque de l'Institut et les documents originaux conservés à la Bibliothèque nationale de France, aux archives du ministère des Affaires étrangères et de la Propaganda Fide à Rome.
