Il y a une certaine me´lancolie chez les femmes d'Elisa Filomena, une discre´tion, un effacement me^me, dans ces portraits palimpsestes. Femmes puissantes entre toutes les femmes, femmes affranchies de toutes limitations, femmes oublie´es encore, et dont elle rend justement la place.II y a une amertume aussi, douce et triste, la sensation que ces êtres sont passés à côté de leur vie par un trop plein d'injonctions, de compromis, de soumission.Il y a le re^ve et l'indolence encore, une nostalgie tendre.Peintre spirite touche´e par la gra^ce, Elisa Filomena envisage la peinture comme un acte total qui l'envahit. Son art est un devoir dont elle porte le poids d'une ge´ne´ration pre´ce´dente empe^che´e de suivre sa voie. Elisa Filomena peint alla prima, sans laisser le temps aux choses de se figer, dans un geste au repentir e´vident. Sa peinture est langage de me´moire. Bistres, sanguines et aquarelles, teintes fane´es, donnent le rythme, soufflent le temps qui passe, le flou du souvenir, la nostalgie.Entrez discre`tement dans le de´cor, une pie`ce de boulevard, un film noir, un vieil Hitchcock. L'intime se lie au myste`re. Colette, Daphne´ du Maurier, Lauren Baccal se croisent, se chuchotent une histoire commune de domination, de destins chahute´s.Toutes nous sourient. Elles semblent dire qu'elle savent, que tout ira bien dore´navant.Et comme on envie de les croire…Sophie ToulousePublié suite à l'exposition éponyme à la galerie Hyperbien, Montreuil, en 2023.