C'est avec Le Prénom de Dieu, son premier ouvrage publié en 1967, qu'Hélène Cixous, alors âgée de trente ans,a commencé de constituer année après année une oeuvre littéraire qui compte aujourd'hui plus de quatre vingtstitres. Jeune agrégée d'anglais, Cixous prépare aussi à cette époque sa thèse sur Joyce et l'exil poétique, soutenueen 1968, et publiée la même année sous le titre L'Exil de James Joyce ou l'art du remplacement (Grasset, 1968).Cette thèse lui ouvrira la porte d'une carrière universitaire à l'université de Paris VIII Saint-Denis Vincennes dont elledevient une des fondatrices dès la création du Centre universitaire expérimental de Vincennes à l'automne 1968.Le Prénom de Dieu est un recueil de nouvelles qui inaugure une recherche d'un autre ordre, non plus dans ledomaine de l'essai mais dans celui de la fiction. Son écriture est exigeante, lumineuse et hermétique à la fois, etinvente un ton nouveau, une musique singulière. Les récits laissent entrevoir un monde où les personnages, souventmystérieux, paraissent autant des moyens de réfléchir à l'écriture même qu'à la relation de l'être humain à sa proprepsyché comme à son inscription dans un univers existentiel et métaphysique. « Tout a une fin; c'est lecommencement qui est rare. », écrit le narrateur dans ce livre fondateur à maints égards.Deux ans plus tard Hélène Cixous reçoit le Prix Médicis en 1969 pour son livre Dedans, qui la fait connaître d'un pluslarge public et prolonge cette quête personnelle qui se poursuit année après année depuis plus de cinquante ansaujourd'hui.Le Prénom de Dieu est le premier livre publié par Hélène Cixous, en 1967. Il aura été le Point de Départ, un départ pour un long voyage, qui compte déjà plus de quatre-vingts escales et dure depuis cinq décennies. Comme l'a écrit Jacques Derrida, sur qui ce recueil est arrivé comme un olni (« objet littéraire non identifié »), dans cet ouvrage « s'annonce, se nomme sans se nommer, se prénomme un grand absent. On pourrait croire à la reprise, par une écriture littéraire à la fois picaresque, fantastique, kafkaïenne, joycienne, des opérations de la théologie négative ». Pour Hélène Cixous, écrire, cet « acte violent d'amour », est le « morcellement d'un cri », un cri qui peut être une manifestation de la douleur d'exister, mais aussi un appel vers ce qui promet et qu'on nomme parfois « Dieu », faute de mieux.