Des milliers de Français ont vécu en Tunisie entre 1814 et 1883. Certains y sont nés, d'autres y ont immigré très jeunes, fondant sur place une famille.L'approche microsociale de la migration de compétences montre le passage d'une société de comptoir marchand à une colonie de peuplement. Elle pose la question de l'articulation entre expériences individuelles et action collective dans un contexte de relations inégales entre deux mondes culturels.L'enquête, menée à partir des actes civils et notariés - mais aussi religieux - qu'ils ont produits sur place, retrace les itinéraires d'hommes et de femmes, pour la plupart inconnus. Ils sont négociants, artisans, ouvriers ou infirmières mais aussi ingénieurs, pilotes de navires à vapeur, professeurs ou médecins. Les uns sont recrutés par le Gouvernement tunisien, les autres montent des sociétés en mobilisant des capitaux venus de France. Tous aspirent à une promotion professionnelle et à une reconnaissance statutaire au sein d'une société urbaine en mutation. L'auteur s'interroge sur la réussite ou l'échec de leurs projets de vie. Au fur et à mesure que ces étrangers s'ancrent dans le pays, ils construisent un cadre familial élargi à d'autres nationalités. Ils revendiquent aussi le droit à la sécurité, à la dignité et à la justice pour tous, qu'ils soient chrétiens, juifs ou musulmans.