De Ravensbrück à Bergen-Belsen
Le témoignage fort et émouvant de Lili, survivante des camps de la mort.Bien que Français car nés en France, mais de parents juifs hongrois, Charlotte Keller et Joseph Rosenberg, Lili (11 ans), Robert (10 ans) et André (3 ans), devenus apatrides suite aux mesures antisémites décrétées par le gouvernement collaborationniste de Vichy, sont arrêtés en octobre 1943, à Roubaix. La famille connaît la prison à Lille, à Bruxelles et une antichambre flamande des camps de concentration nazis, la caserne Dossin. Déportés en Allemagne en décembre 1943, ils sont séparés. Le père, Joseph, est envoyé au camp de Buchenwald, où il sera assassiné ; la mère, Charlotte, et les enfants à celui de Ravensbrück où ils passeront une année de travaux forcés pour la mère, de malnutrition, de maladies et de mauvais traitements pour tous. En février 1944, les Keller-Rosenberg sont envoyés au camp de Bergen-Belsen, un mouroir à ciel ouvert où sévissent les pires violences SS, la famine et une épidémie incontrôlée de typhus. Tous les quatre survivent pourtant. Rentrés seuls en France après la libération du camp par les Britanniques, les enfants passent par le Lutetia, séjournent quelque temps dans une famille d’accueil en région parisienne, puis chez une tante en province. Parce qu’ils sont en très mauvaise santé, ils sont envoyés en préventorium. C’est là que leur mère les retrouve… Brisés, mutiques et absents, il leur faut cependant réapprendre à vivre, mais aussi à se taire, car l’innommable n'est pas compréhensible par ceux qui ne l'ont pas vécu.Cet album très documenté apporte un éclairage historique puissant sur le combat insensé pour la survie, dans plusieurs camps de concentration, d’une mère et de ses trois enfants. Aujourd’hui à 93 ans, Lili Keller-Rosenberg continue de porter haut la parole en mémoire des disparus. Boris Golzio s’empare de l’histoire vraie de cette enfant survivante de la Shoah pour livrer un album digne et bouleversant, d’un réalisme saisissant. Il est postfacé par deux historiens spécialisés : André Rosenberg (le petit frère de Lili) sur le sujet des enfants dans la Shoah, et Bernhard Strebel, le grand historien allemand du système concentrationnaire nazi. Une œuvre poignante et nécessaire, cosignée par une femme qui est, toujours, restée debout.