J’ai grandi. Je ne l’intéresse plus. J’ai longtemps gardé un corps de petite fille. Trop longtemps pour cet enfer. C’est ce corps-là qu’il veut encore. C’est un lâche.J’aurais voulu arrêter le temps, mourir sans mourir, mais le temps s’écoule malgré la volonté des Hommes, comme s’il ne les regardait pas. Tout comme mon père. Mon père est comme le temps. Il ne me regarde pas. Il passe devant moi sans me voir, absent à lui-même, un verre de whisky à la main. Il est devenu ce verre, le liquide dansant, le feu répandu de la gorge à l’estomac sans qu’aucun souffle ne vienne lui rappeler que j’existe. Je n’existe plus pour lui. Je ne suis personne.