Pourquoi le féminisme corse est-il resté à la marge de l’Histoire ?L’émergence de mouvements féministes en Corse remonte aux années 1970. Contrairement au nationalisme dont ils se réclamaient, ils sont demeurés dans l’ombre de cette mouvance politique jusqu’à disparaître progressivement de la mémoire collective.Les deux courants connaissent pourtant leur âge d’or à la même période, propice aux luttes contestataires. Comment expliquer le fait que le féminisme, porté par les mêmes idéaux d’émancipation – liberté, autonomie, justice – est éclipsé par un nationalisme qui, lui, gagne en puissance ?L’enquête, fondée sur plus de 250 entretiens avec des militantes et militants de différentes générations ainsi qu’avec des acteurs de la sphère politique, culturelle et associative de premier plan, décrypte cette asymétrie. Elle analyse les mécanismes propres au militantisme féministe et nationaliste tout en reconstituant l’histoire souterraine des luttes féminines corses. Elle déploie une réflexion rigoureuse et originale sur les stéréotypes de genre insulaires ainsi qu’un parallèle avec d’autres territoires où féminisme et nationalisme ont tenté de cohabiter.Ce premier ouvrage consacré au féminisme en Corse, issu d’une thèse de doctorat pionnière, explore un pan méconnu de l’histoire insulaire. Croisant anthropologie, politique et genre, il offre un éclairage inédit sur les tensions entre identité, égalité et pouvoir dans une société en profonde mutation. L’analyse conjointe du féminisme et du nationalisme, encore rare en France, ouvre la voie à un champ de recherche encore peu exploré.Docteure en anthropologie, diplômée de Sciences Po Paris ainsi qu’en psychanalyse, Caroline Rose Torres est autrice, conférencière et formatrice. Chercheuse associée à l’université de Corse, elle dirige CQFD, une entreprise spécialisée en anthropologie du genre. Son travail vise à analyser les dynamiques socioculturelles et politiques à l’origine des inégalités.