De la psychose ordinaire à la débilité mentale

Comment repérer et affirmer les formes de folie de ceux qui n'en présentent pas les signes évidents ou attendus ? Ici réside une question sensible qui traverse l'histoire de la nosologie psychiatrique et de la clinique psychanalytique. Depuis Philippe Pinel, en passant par la découverte freudienne, jusqu'au régime soviétique et le moderne DSM 5, il semble qu'une faille épistémique supporte et emporte sur ce point divers enjeux : épistémologique, clinique, philosophique, éthique, politique également. Au début des années 90, c'est dans ce prolongement que le terme de « psychose ordinaire » et sa doctrine apparaissent, annonçant l'émergence actuelle d'une nouvelle forme de psychose « non-déclenchée », « discrète » ou « compensée » dans l'ordinaire des apparences. Loin d'être réductible à une nouvelle entité clinique, la notion viendra alors interroger : l'essor d'une subjectivité de l'époque, un voeu d'expansion anglo-américain, l'histoire contemporaine des mouvements analytiques lacaniens, enfin la logique de la clinique différentielle. Par là, la « psychose ordinaire » démontrera après-coup le préalable de son ressort : une débilité du mental.