L’histoire derrière les images de ce livre est complexe, mais pour la résumer, voici ce qui s’est passé :Khalid Hadi, un garçon de 11 ans, est devenu photographe pour une fondation venant en aide aux victimesde la guerre soviéto-afghane à Kandahar, dans le sud de l’Afghanistan. Orphelins, combattants blessés, ci-vils... Pendant trois ans, il a photographié 10 000 victimes du conflit avec un appareil photo à boîtier en boispour le compte de l’administration de la fondation.Lorsque les talibans ont pris le contrôle de la majeure partie de l’Afghanistan, il a été déterminé à continuerà travailler comme photographe et a accepté un emploi pour les dirigeants oppressifs : prendre des photosdes infrastructures et d’autres projets des talibans. Mais après quelques années, il n’a plus supporté cettesituation et s’est enfui aux États-Unis où, par hasard, il a rencontré le célèbre photographe Edward Grazda.C’était en 2001, juste avant le 11 septembre.Khalid a présenté à Edward une photographie du chef taliban Mullah Omar, qu’il avait prise huit ans aupara-vant à la fondation. Mullah Omar avait été blessé à l’œil lors d’un combat en tant que moudjahidin. À cetteépoque, Mullah Omar, bien que très recherché, était un personnage mystérieux et aucune photographieconnue de lui n’était disponible. Avec l’aide d’Edward, l’image a été rendue publique via Magnum.Disasters of War, édité par Edward Grazda, illustre une partie des photographies prises par Khalid au coursde ses années en tant que photographe utilisant un appareil photo à boîtier. La beauté silencieuse de cesimages patinées par le temps recèle la violence choquante d’une occupation scandaleuse qui a fait descentaines de milliers de victimes. Un pan de l’histoire presque oublié en dehors de l’Afghanistan, mais quimarque pourtant le tout début de la formation de groupes terroristes, soutenus par les puissances occiden-tales dans les dernières années de la guerre froide. Des groupes terroristes internationaux qui continuentde faire écho à travers le monde.