Nioques 31
nioque est l’écriture phonétique (comme on pourraitécrire iniorant) de gnoque, mot forgé par moi à partir dela racine grecque signifiant connaissance, et pour ne pasreprendre le gnossienne de Satie ni la connaissance (de l’Est)de Claudel.Que signifiait pour nous, dès 1990, année de la création de Nioques, la référenceà Francis Ponge ? La simple nécessité d’articuler aussi rigoureusement que possibleune critique radicale de la poésie (une « sortie » raisonnée hors du cadre génériqueet de ses charmes) et une puissante thérapie contre l’intoxication (« ces gouvernementsd’affairistes et de marchands, passe encore si l’on ne nous obligeaitpas à y prendre part, si l’on ne nous y maintenait pas de force la tête, si toutcela ne parlait pas si fort, si cela n’était pas seul à parler. Hélas, pour combled’horreur, à l’intérieur de nous-mêmes, le même ordre sordide parle… »).Aujourd’hui, plus de trente ans plus tard, par-delà le principe d’avant-garde, nousmaintenons l’exigence de l’expérimentation formelle, de l’intervention restreinteou oblique, de la résistance passive « à voix intensément basse », de l’investigationobjective, de pratiques aussi littéralement présentes que possible à ce quinous entoure. En un mot nous souhaitons confirmer la dimension réellementpolitique de notre communauté et de notre revue. Nous sommes tous, de fait,des singularités quelconques.Jean-Marie Gleize