Le dessin s’est glissé à toute heure du jour. Je prenais un temps pour dessiner, une minute, une heure ou plus, ou parfois y revenais à plusieurs reprises au cours de la journée. En tout lieu, traversé par ce que je voyais, entendais, je réagissais par un visage, une figure, une tache, un tracé instinctif, une image. La mémoire enfouie, l'imaginaire fantasque et le fait réel se croisaient, les uns se nourrissant des autres. Poétique imaginale de signes, échappée du bout des doigts. Je me retournais parfois, d‘un regard, sur le dessin de la veille, irrévocable, sans en prendre la mesure, je l’abandonnais, le couvrais d’un sommeil, d’une nouvelle page.