La Tiretaine n’est pas la première rivière que le photographe anglais John Davies choisit comme filconducteur pour aborder et comprendre un pays(age). Ses images de la Mersey, du Po, du Nervión,de la Loire, la Taff, l’Arno, la Seine ou la Durance ont déjà su saisir ce que ces cours d’eau racontentdes tensions — entre beauté et nécessité, passé et présent, public et privé, économie et écologie,nature et urbanisme… —, tricotées dans un paysage au gré de choix politiques successifs. Gambadantparfois à ciel ouvert, mais le plus souvent recouverte, cimentée, canalisée, soupçonnée de pollutionet privée de liberté, la Tiretaine n’échappe pas aux différentes problématiques déjà soulevées parles précédents travaux du « géographe-photographe ». Quoique de taille tout à fait modeste,la Tiretaine est cependant le cours d’eau qui plaça John Davies dans l’une des situations les plusparadoxales qu’il soit pour un photographe : saisir l’image d’une rivière jouant à cache-cache sur plusde la moitié de son parcours. Autant dire montrer l’invisible. Ses facéties ne sont pas venues à boutdes talents d’observation de cet enquêteur minutieux qui prend très vite le parti d’un salutairepartage des eaux, la saisissant en couleur lorsqu’elle s’ébat à l’air libre, en noir et blanc lorsqu’elle seglisse sous terre. [extrait du texte