L'imaginaire des eaux, douces et amères, a toujours joué un rôle de premier plan dans les cultures de la Péninsule ibérique, dans leurs anciennes mythologies, leur folklore, leurs traditions littéraires et artistiques. Espagnols et Portugais se sont précocement distingués par une hydrophilie aux multiples racines (antiques, musulmanes, juives, etc.), insolite dans une Europe médiévale qui ne se lavait guère et demeurait très méfiante à l'égard des ondes. Ils ont développé une riche symbolique des espaces aquatiques, durablement rêvée sur leurs ambivalences, et nourri, dans le sillage des Grandes Découvertes, un abondant répertoire de métaphores, de fictions, de réflexionsmorales et théologiques sur les mystères, merveilles et horreurs de l'élément liquide.