Pour les ouvriers dont le travail est exploité, « saboter », c'est enrayer la machine de production. Syndicaliste militant et cofondateur de la Confédération générale du travail, Émile Pouget (1860-1931), publie vers 1911-1912 un véritable manuel de résistance. Subversif, méthodique, il expose avec humour la théorie et la pratique du sabotage, du « vas-y mollo » à la grève du zèle, en passant par toutes les manières de ruiner l'image d'un patron... Car saboter n'implique pas forcément détruire. Étymologiquement, c'est « travailler comme à coup de sabot », faire du mauvais travail.Si, comme on nous le dit, le travail est une marchandise, alors pour avoir du travail de qualité, il faut que les patrons y mettent le prix : « À mauvaise paye, mauvais travail ! »