Quitterie ou le complexe de pélopée

Le thème de cet ouvrage est inhabituel car peu ou pas abordé par la littérature, pourtant abondante, de la sexualité féminine. Il lève un coin du voile pudique qui occulte la transgression du tabou de l'inceste père-fille lorsqu'il émane de la victime classique de cet attentat : la fille. La liste des pratiques relevant de la sexualité entre adultes consentants est infinie et rien ne peut être exclu. Prétendre codifier les comportements des corps en proie au plaisir, ce "bourreau sans merci", qui emporte tout est une gageure. Dans ce domaine, la femme et l'homme peuvent être le jouet des mêmes pulsions dévastatrices. Le roman de Quitterie en apporte la preuve. Le journal intime de l'héroïne a été tenu il y a trente ans environ. A travers le récit de son expérience, il apporte un éclairage inédit sur un aspect méconnu de la libido féminine. Sa confession, au-delà de son réalisme, devrait permettre l'analyse de cette singularité a priori plus fréquente qu'on ne veut bien l'admettre. Ecrit dans une langue parfaitement maîtrisée, ce témoignage dense, sans concession morale et d'une précision clinique rend compte de son parcours initiatique. Faisant suite à l'exposé de sa conception exigeante de la féminité, il fait ressortir, à chaque étape de sa maturation sexuelle, jusqu'au point de non retour, le violent conflit qui nait de la dualité entre sa volonté intraitable d'émancipation et son corps qui se dérobe. La référence à Pélopée, figure méconnue du mythe des Atrides, est revendiquée par la narratrice. Leur destin les rapproche.