Julie de Vietinghoff, baronne de Krüdener (1764 1824), descendante de chevaliers teutoniques et du maréchal de Münnich, adopta dès l'enfance le français comme langue maternelle et pouvait écrire à Mme de Staël : " Je regarde la France comme ma véritable patrie ". Ses " Pensée et Maximes " furent publiés au Mercure de France en octobre 1802 et introduites fort joliment par ces mots de Chateaubriand : " Quand on pense avec autant de délicatesse, on a raison de choisir, pour s'exprimer, la langue de Sévigné et de La Fayette ". Son roman " Valérie ", qui eut un grand succès, vit le jour en décembre 1803 à Paris. Sainte Beuve le salua, plus tard, dans ses " Portrais de femmes ", d'une formule lapidaire : " Dans cette langue préférée, elle nous envoyait un petit chef-d'œuvre… " et de nos jours encore, Jean Gaulmier pouvait écrire : " Valérie, roman confidence où, avec une sensibilité déjà proustiennne, Mme de Krüdener a magnifié l'étrange et soudaine perfection de la mémoire affective ". Tout cela a été revu et plus complètement explicité par les travaux de Michel Mercier, Francis Ley et Elena Gretchanaïa, qui a retrouvé dans les archives de Moscou les précieux inédits publiés ici pour la première fois.