Depuis des millénaires, les peuples convoitent et conquièrent des territoires, s'affrontant ainsi les uns aux autres. Quels sont les mécanismes d'expression et les mobiles profonds du désir de territoire ? Pour répondre à cette question François Thual dresse une archéologie de la formation des dispositifs territoriaux, impériaux et identitaires, à travers l'Histoire. La conflictualité est éclairée à l'aune des grandes dynamiques géopolitiques de convoitise : panismes —pangermanisme, panturquisme… —, grandismes — Grande Serbie, Grande Albanie…, mythes d'un âge d'or territorial, colonisation interne et dialectique centre-périphérie, recherche du désenclavement et poussée vers les mers ; la soif de territoires prend ici toutes formes d'expressions géographiques et le lecteur voyage de la mer Noire au Sahara français en passant par les montagnes-refuge en Orient. La religion trouve sa place dans les dispositifs géopolitiques et leur remise en cause : l'Islam jadis utilisé comme levier identitaire par l'Allemagne et la Russie pour détruire l'Empire des Indes anglaises, la territorialisation des hérésies en Islam, la fracture romano-orthodoxe, le bouddhisme moteur du nationalisme en Asie... Mais au-delà même des mécanismes d'expression du désir de territoire, les ressorts quasi-psychologiques du désir territorial sont dévoilés : les crises mimétiques permettent dcomprendre pourquoi des Balkans si pauvres économiquement sont depuis toujours un haut lieu de conflit ; la claustrophobie géopolitique anime le sentiment d'enclavement — Amérique latine, Asie Centrale…—, tandis que le complexe d'obsidionalité explique le sentiment d'encerclement de l'Inde ou de la Serbie, ou le mythe du serpent vert en Grèce ; les projets échoués, les pertes territoriales, les généalogies rendues conformes aux convoitises territoriales, les frustations identitaires apparaissent tout à coup comme constituant un inconscient inavoué qui détermine et dirige les dynamiques géopolitiques. À mesure qu'il voyage à la rencontre d'une géopolitique théorisée mais toujours illustrée par de nombreux exemples, le lecteur découvre que le savoir géopolitique se raccroche à la psychologie humaine...