« Il n’est pas impossible que les présentes études sur la théologie au XII e siècle aident à mieux comprendre l’unité de la théologie thomiste qui, aux yeux de leur auteur, est inséparable du thomisme véritable. On a souvent observé qu’il y a déjà de la scolastique dans la théologie au XII e . Il est aussi important de noter qu’il y a encore de la patristique dans la scolastique du XIII e . Il semble désormais certain qu’on doive renoncer au schéma historique longtemps perçu : fin de la patristique, scolastique, Renaissance. Non que le schéma soit faux, mais il est bien trop sommaire. A bien des égards, le XII e siècle se présente comme le temps d’un ample mouvement théologique, dont certaines tendances se développent en scolastique pendant que d’autres, refoulées par l’extraordinaire fécondité de la théologie du XIII e siècle, entrent dans une sorte de demi-sommeil, ou simplement deviennent moins visibles, en attendant le retour offensif qu’elles prononceront au XIV e siècle. Il ne fait pour nous aucun doute que la devotio moderna, dont le sens nouveau est d’être une réaction contre la scolastique du XIII e siècle, continue simplement un courant plus ancien opposé d’avance à des méthodes théologiques dont, même vers la fin du XII e siècle, le développement futur n’était pas encore prévisible. »Étienne Gilson, Préface