Indépendance, occupation étrangère, démocratie : ruptures et continuités
Le constitutionnalisme hai¨tien a une riche histoire. Inscrit dans le mouvement de lutte de libe´ration du peuple hai¨tien de la colonisation et l’esclavage, il s’est affirme´ dans une singularite´ historique que plusieurs auteurs, observateurs, hommes politiques n’ont pas manque´ de souligner depuis la fin du 18e sie`cle. Aujourd’hui encore Claude Moi¨se s’y attelle avec d’autant plus de vigueur analytique que la crise de l’E´tat et de la socie´te´ nationale re´ve`le de telles de´rives de la gouvernance hai¨tienne qu’elle hypothe`que le destin de la nation. Depuis 1986, l’inte´re^t pour la question constitutionnelle ne s’est jamais de´menti. Dans l’effervescence de´mocratique des temps pre´sents, la ne´cessite´ de repenser le cadre de l’organisation de la gouvernance du pays est au cœur de la longue « transition » post Duvalier qui, d’e´checs en e´checs, s’est transforme´e en une grave crise nationale. Claude Moi¨se trouve cependant « important de rappeler que ce que nous appelons l’E´tat traditionnel n’a pas toujours e´te´, a` tout moment de l’e´volution historique, un E´tat arbitraire, despotique, de´pourvu de toute espe`ce de le´galite´ a` opposer a` un E´tat de droit de´mocratique ide´al dont nous serions la premie`re ge´ne´ration a` promouvoir l’ave`nement...que les batailles constitutionnelles et juridiques n’e´taient point que gesticulation de politiciens, que les luttes pour la liberte´ et pour l’instauration du re`gne ve´ritable de la loi traversent toute notre histoire politique ... » Que nous avons encore beaucoup a` apprendre de notre patrimoine constitutionnel.