Les cartes d’identité et les documents d’état civil confèrent des droits àla citoyenneté et à l’inclusion sociale, mais ils peuvent également êtresource de violence et de conflits. La Côte d’Ivoire est un cas paradigmatiquede crise de la citoyenneté qui a pris la forme d’une « guerre pour lespapiers ».Fruit de dix ans d’enquêtes, cet ouvrage revisite cette crise et les annéesd’après-guerre en interrogeant les enjeux de l’identification des personnesdans un contexte de boom mondial de la biométrie. Par-delà la crisearmée et les enjeux électoraux, il analyse la relation que les citoyensordinaires entretiennent avec leurs papiers et les batailles qu’ils mènentau quotidien pour les obtenir. Il montre que la lutte documentaire pourla citoyenneté se poursuit dans la période de l’émergence libérale postconflit,affectant les réformes de l’état civil basées sur les nouvellestechnologies numériques.L’ouvrage explore la vie sociale des papiers d’identité pour repenser lesproblématiques de la citoyenneté. Il plonge, entre autres, dans le mondeclandestin de la falsification documentaire, des « margouillats » etdes « René Cailliés » ; il révèle les pratiques cachées des appareilsbureaucratiques d’identification et les logiques locales d’enregistrementbiométrique pour comprendre les mécanismes de l’exclusion civique. Enabordant les enjeux de l’identification par le bas, les auteurs montrentque les réformes biométriques n’effacent pas sa dimension politique,comme le prouvent les controverses régulières autour des actes d’étatcivil des candidats à l’élection présidentielle. Dans une perspectivecomparative, le cas de la Côte d’Ivoire révèle une revanche originale del’État documentaire sur l’État biométrique et nous invite à repenser leuropposition dyadique en une hybridation des modèles voyageurs promuspar la Banque mondiale et les multinationales de la tech.