1000 collines, 1000 témoins, dont 600 témoignages inédits sur l'exécution du dernier génocide du XXe siècle, celui des Tutsis du Rwanda, d'avril à juillet 1994. Il s'agit donc d'un corpus de témoignages unique au monde réalisé par Bruno Boudiguet. Le dernier génocide du XXe siècle, perpétré contre les Tutsis du Rwanda entre avril et juillet 1994, fut supervisé par l'appareil d'État suprémaciste hutu. Il a détruit les vies de plus d'un million de personnes. Des centaines d'ouvrages, de témoignages, d'études, d'essais ont été publiés ces trente dernières années. Outre le fait de s'être appuyé sur la bibliographie existante, Bruno Boudiguet a pu s'entretenir avec près de 600 témoins dont la quasi-totalité sont des rescapés du génocide. Il s'agit donc d'un corpus de témoignages unique au monde, présentés tels quels et classés par zone administrative. Bien évidemment, la réalité de la préparation et de l'exécution du génocide a déjà été démontrée, reconnue par l'ONU et le Tribunal international d'Arusha. Mais il manquait une étude sur l'ensemble des 130 communes (sur 146) de la zone gouvernementale montrant méthodiquement l'ubiquité du génocide dans cette partie du pays représentant à peu près 85% du territoire rwandais. Dans ce but, l'ouvrage est classé par préfectures, communes voire secteurs. L'étude des sites de regroupement montre l'importance de la résistance des victimes. Certains sites, comme les collines de Bisesero, ont été bien décrits, mais on ne pense pas toujours à la résistance qui s'est organisée, par exemple, dans les paroisses attaquées par des groupes de miliciens. Les nombreux récits de survivants de ces massacres rendent justice à l'héroïque résistance de victimes qui n'avaient dans leur grande majorité que des pierres pour lutter. Cette étude montre que le nombre de massacres de masse (plus de 500 personnes) a été jusqu'à présent sous-estimé. Beaucoup d'endroits reculés du pays n'ont pas eu droit à une article dans la presse locale par exemple. Par exemple, la colline de Kabuye, dans la région de Butare, où plusieurs dizaines de milliers de victimes ont péri, a une bibliographie quasi vierge. Il ne s'agit pas, bien entendu, de sous-estimer les modes opératoires les plus connus du génocide (barrières, tueries localisées à l'arme blanche, etc.), mais plutôt de tenter d'évaluer l'importance et l'impact des massacres de masse et du rôle des militaires FAR dans son exécution. L'efficacité du génocide est redoutable car les autorités ont utilisé une méthode, expliquée pas à pas dans la conclusion de l'ouvrage, très élaborée à l'échelle du pays afin d'être en mesure de rassembler un maximum de personnes dans les lieux publics (stades, églises, paroisses, bureaux communaux et autres bâtiments). Les survivants de ces massacres représentent souvent à peine 1 % du nombre de départ, ce qui explique d'ailleurs le peu de témoignages comparé aux autres modes d'exécution. On se rend compte que les massacres de masse ne s'échelonnent essentiellement que sur une période très courte, beaucoup moins que les trois mois dont on parle habituellement. Déjà qualifié par certains de ''génocide le plus rapide de l'Histoire'', l'étude des massacres de masse montre la fulgurance de l'exécution génocide (entre le 7 et le 30 avril, dans leur quasi-totalité), puisque plus de 200 sites environ ont été attaqués militairement, afin de garantir une extermination sur deux jours (une journée de tirs et une autre d'achèvement des victimes par les miliciens). Dans l'historiographie, il y a eu jusqu'à présent sur ''surreprésentation'' logique des épisodes de ''chasse à l'homme'', représentant la période spécifique des mois de mai et juin. Plus de trente ans après, nous n'avons peut-être pas pris totalement la mesure de cet événement si singulier dans l'histoire de l'Humanité. Cet ouvrage pourra servir de référence lors de futures procédures judiciaires, car il rassemble les données existantes sur chaque commune (excepté les Gacaca, tribunaux locaux dont l'accès numérisé n'est pas encore disponible) en plus d'une moyenne de 5 témoins dans les 130 communes concernées par le génocide. Des monographies très détaillées existent pour certaines communes ou certains sites, comme par exemple ''Génocide à Nyarubuye'' de Privat Rutazibwa et Paul Rutayisire, mais elles n'existent pas pour la plupart des 300 sites. De plus, pour chaque site, une liste des criminels notoires, cités par plusieurs témoins, condamnés par la justice locale ou internationale ou recherchés. Ces noms cités peuvent venir de l'agence locale de lutte contre le génocide (CNLG) ou des noms cités par les témoins de l'étude.