De 1876 à 1958, les députés de la République française ne votaient pas eux-mêmes. Derrière les grands discours et les moments solennels du Parlement se cache une réalité méconnue : celle des « boîtiers », ces parlementaires mandatés – ou non – pour voter à la place de leurs collègues, qu’ils soient absents... ou présents. Cet ouvrage retrace l’histoire oubliée de cette pratique, d’abord tolérée puis institutionnalisée, qui a profondément marqué la culture politique française. S’appuyant sur des sources inédites, des récits d’époque, des archives et des photographies rares, Aurélien Laparro nous plonge dans les rouages de la «machine parlementaire». C’est là que la démocratie représentative se construit et s’organise, portée par la structuration progressive des forces politiques, la mise en place d’une discipline de vote forte et la rigidification des frontières des majorités. En éclairant une pratique largement ignorée jusqu’alors par les historiens, cette enquête révèle à quel point les IIIe et IVe Républiques étaient, bien loin des caricatures, des régimes organisés et structurés. Cette plongée dans le quotidien du pouvoir législatif en restitue toute la complexité et éclaire les logiques de représentation et de décision parlementaire, hier comme aujourd’hui.
