Nous sommes là au coeur du Paris de Gérard,il faudrait peut-être écrire des Paris de Gérard :un Paris voué à disparaître, dont il est urgentde sauver la mémoire à mesure qu’il s’enfuit, àmoins qu’il faille le reconstituer par l’imagination.Un Paris qui superpose la réalité de 1830aux souvenirs du xviiie (merci Restif !), au décordu xviie, à toutes les pierres empilées depuis leMoyen Âge. Paris est pour Gérard un prétexteromanesque autant qu’un lieu géographique.Mais aussi une ville réelle et vécue comme telle,presque charnellement : celle où il est né, entreChâtelet et Marais, celle où il mourra.Topographiquement, le Doyenné a tout d’uneconjonction. Au sens de la grammaire mais ausside l’astrologie : entre la Seine et le Louvre, entrele temps qui fuit et le temps qui résiste, Gérardest chez lui. Plus au nord, les boulevards tendentun arc de cercle : les théâtres y ont leurs salles21LES FOLIES DU DOYENNÉet les journaux, leurs bureaux. Ces théâtres, Gérardva les fréquenter longtemps ; et c’est dansles journaux qu’il publiera l’essentiel de sonoeuvre, avant d’en réunir les plus belles pagesdans un sauve-qui-peut nuptial avec la mort.En attendant, il s’agit de vivre. Alors s’ouvredans l’impasse miraculée le temps de la bohème.