Héros ? Criminel de guerre ?
Turenne (1611-1675), maréchal de France sous le règne de Louis XIV, est considéré comme l’un des grands stratèges de son temps. On lui doit la conquête de l’Alsace par la France, mais aussi le ravage du Palatinat voisin (un tiers de la population y fut massacré).Mais il est surtout, et depuis longtemps, la pomme de discorde entre les nationalistes français "bouffeurs de Boches" et les Alsaciens.Les dernières années de Turenne ont souvent été décrites par des historiens français comme une succession de glorieuses campagnes. Les témoignages des contemporains du maréchal, en revanche, dressent un tout autre tableau : ils parlent de massacres de populations, de villages incendiés en grand nombre, de viols, de fuites de Turenne devant l’ennemi, et de routes jonchées de chevaux morts de faim, appartenant à son armée d’invasion.Figure emblématique de la grandeur de la France, il n’est ni plus ni moins qu’un criminel de guerre pour d’autres. Or, voilà qu’en 1932, dans la foulée de la "reconquête" de l’Alsace, un groupe de militants politiques, de chefs d’entreprise et d’un vieux général — tous nationalistes français d’extrême droite — parvient à faire ériger un obélisque à la gloire de Turenne. Et pas n’importe où : dans la ville même où ses soudards ont massacré les habitants avec une férocité inouïe — à Turckheim !