L'exposition " Peindre à la Martinique (1765-1943). Une histoire de l'art décentrée ", présentée à la Fondation Clément du 6 février au 26 avril 2026, aborde la question des pratiques picturales en Martinique en contexte colonial. Ces peintures, dessins, sculptures et photographies retracent les grandes temporalités de l'histoire de l'art de la Martinique : de la construction des imaginaires coloniaux dominants jusqu'à la rébellion esthétique portée par la négritude et le surréalisme, avec la création de l'école des arts appliqués. L'exposition rend compte des fractures, des silences, des préjugés, mais aussi des résistances et des combats depuis la Martinique et Paris, pour l'accès à la formation artistique dans les écoles publiques et pour le développement, dès l'entre-deux guerres, d'un art martiniquais représentant les gens, les scènes et les paysages du péyi . À travers plus de 150 œuvres, peu ou jamais montrées aux Antilles, et plus de 50 artistes, Peindre à la Martinique, une histoire de l'art décentrée , le catalogue de l'exposition, s'attache à mettre en lumière les prémices d'un marché de l'art européen et intercaribéen, l'influence de l'école anglaise sur les Vues martiniquaises, le poids du modèle académique et son esthétique " beaux-arts ", ainsi que celui des propagandes impériales, assimilationnistes et touristiques, depuis la colonie et hors de la colonie, du XVIIIe siècle à la fin du régime de Vichy an tan Robè . Peindre à la Martinique s'inscrit dans une démarche méthodologique fondamentale : celle de décentrer le regard pour mieux mettre en lumière la Martinique. Décentrer le regard, c'est ouvrir la voie à une autre histoire de l'art en contexte colonial – plurielle, polyphonique, riche par complexité, et bien plus ancrée dans les réalités sociales martiniquaises qu'on ne l'a longtemps admis. Peindre à la Martinique (1765-1943). Une histoire de l'art décentrée est donc une plongée dans une histoire de l'art décentré, offrant un regard neuf, complexe, puissant, sonore et émouvant depuis la Caraïbe post-esclavagiste.