La force du témoignage, c’est bien de montrer le quotidien d’un vécu dans ses forces et ses dénivelés mais par-dessus tout dans son émotion par rapport à l’état du monde. Ludmilla Podkosova propose un récit « Le temps, pour elle » qui saisit, avec ferveur et détermination, la mémoire de ses aïeules : la deuxième guerre mondiale, la Shoah, la déportation d’une de ses grands-mères, l’une russe, et l’autre française engagée contre l’ennemi. Dans une mise en œuvre originale qui lui permet à travers la transmission de ces deux cultures de s’unir aux événements que sa propre génération n’a heureusement pas connus, la poète reconstruit son propre univers et celui de ses aïeules, grâce au temps retrouvé dans le poème mais aussi dans l’existant d’un passé auquel elle redonne à la fois vie et intemporalité avec une rare maîtrise. Beauté de l’écriture, beauté du poème, beauté de l’intention, Ludmilla Podkosova est bien dans le chemin d’une concorde à laquelle elle croit et qui laisse espérer que le monde, lui aussi, partagera in fine la lumière. Monique W. LABIDOIRE
