L’histoire des différents mouvements à caractère libertaire est liée à un grand nombre de préoccupations et de pratiques plus ou moins surprenantes? : depuis la « ?gymnastique? » des grèves jusqu’au végétalisme? ; des bombes à l’espéranto? ; du naturisme au Grand Soir? ; de la reprise individuelle aux minorités agissantes? ; de l’insurrection à la non-violence? ; de l’amour libre à l’éducation rationnelle? ; du syndicalisme au « ?macadam? ».Passées ou présentes, autant de causes ou de raisons d’agir placées sous le signe du multiple et du disparate, de la discontinuité et du différent? ; mais dans un rapport singulier où, par un aspect ou par un autre, chacune de ces manifestations inclut et répète toutes les autres.Sans doute l’histoire de l’anarchisme ne se limite-t-elle pas à la seule condition ouvrière, mais c’est en elle qu’elle a trouvé son affirmation pratique et théorique la plus vaste et la plus conséquente? :– ?en récusant toute prétention marxiste et révolutionnaire à confier aux seuls intellectuels le soin de produire et de maîtriser les savoirs émancipateurs? ;– ?en prétendant au contraire associer étroitement la philosophie la plus exigeante à l’âpreté et à la dépossession de la condition salariale? ;–? en confiant à l’histoire et à l’émancipation des pratiques et des discours ouvriers le soin de mettre au jour le caractère multiple, intempestif et « ?inactuel? » (au sens nietzschéen du mot) du projet et de la pensée libertaires.Les cinq textes ici présentés essaient de répondre à ces interrogations, ou, pour le moins, de maintenir ouverte la réflexion à ce sujet.