La mémoire de Clemenceau n'a jamais semblé aussi vivante : vigoureusement revendiquée par Manuel Valls, encensée par Jean-Pierre Chevènement, célébrée par Nicolas Sarkozy, la figure du " Tigre " fédère avec éclat les différentes sensibilités républicaines, tandis qu'un public toujours plus nombreux plébiscite les films et les expositions qui lui sont consacrés. Cette pieuse unanimité ne doit pas faire oublier le caractère hautement " clivant " d'un Clemenceau qui, en son temps, rompit fougueusement avec les conformismes et les préjugés pour faire de sa vie un combat. Cherchant à comprendre l'homme au plus près de sa vérité, Jean-Noël Jeanneney emprunte des chemins de traverse et livre une belle série d'études portées par un style alerte et coloré. Il dévoile un Clemenceau souvent méconnu, progressiste et conservateur, autoritaire et libéral, nourri au lait du parlementarisme et néanmoins méfiant à l'égard du régime d'assemblées, ami de la Grèce, du Japon, de l'Amérique, pionnier de l'écologie politique et protecteur des arts, impétueux, insubmersible, et farouchement individualiste.
