Tome III (ch. XXII-XXXIV).
Quiconque a mis le pied dans l'amoureuse glu,Qu'il cherche à l’en tirer, ne poisse pas ses ailes,Car en somme l’amour n’est qu’une insanité,Selon le jugement des sages unanimes,Et si, comme Roland, tous ne délirent pas,Ils montrent leur fureur toujours par quelque signe.Mais est-il de folie un signe plus exprèsQue, pour vouloir autrui, s’aller perdre soi-même?Divers sont les effets, mais toujours identiqueEst la folie pourtant qui leur donne naissance.C’est comme une forêt, où celui qui pénètreDoit nécessairement se tromper de chemin.A droite, à gauche, ici et là, chacun s’égare.Et pour conclure enfin, je vous dirai ceci:Qui vieillit dans l’amour, en plus des autres peines,Mérite assurément les fers avec les chaînes.(XXIV, 1-2)