Enquête sur mon père, braqueur, taulard, écrivain
« Mon père ne m'a jamais vraiment raconté sa vie. Quelques bribes éparses me sont parvenues. Une vie romanesque et tourmentée, marquée au fer rouge de la violence. J'ai découvert à l'adolescence qu'il avait passé plus de huit ans en prison. Ces huit années, il les avait purgées avant ma naissance, dans les années 1970, mais la trace de l'emprisonnement était omniprésente dans nos vies. » Il y a l'histoire individuelle bien sûr. Celle d'un homme issu de la classe moyenne provençale qui se révolte contre les conventions sociales et religieuses, et se laisse happer par la délinquance. Alain Vallet braque plusieurs banques dans les années 1960, teintant, a posteriori, ses actes de couleurs anarchistes et anticapitalistes. Mais il y a aussi la grande Histoire. Celle de Marseille et du crime. Celle de la Justice et de sa sévérité dans la France des Trente Glorieuses. Celle des méthodes d'interrogatoire de la police, des prisons en ébullition de l'après Mai 68. Alain Vallet fera partie des meneurs des révoltes carcérales. Il écrira dans le journal du Comité d'action des prisonniers, inspiré par Foucault, puis dans les colonnes de Libération. Il publiera plusieurs romans sous le pseudonyme d'Alain Dubrieu et sera invité sur le plateau d'Apostrophes par Bernard Pivot. Mais sa révolte, et son mal-être, contaminent la sphère domestique, faite d'excès et de chaos, jusqu'à l'emprise. Cédric Vallet mêle le récit intime avec l'enquête sociologique et historique, cherchant à à comprendre l'envers du décor. En retraçant le parcours d'un homme révolté et flamboyant, il tente de réparer, même après la mort, les liens d'une relation père-fils contrariée, interrogeant à la fois la rédemption par l'écriture et les racines d'une rage destructrice.