Pour arriver à l'image d'une France unie et réconciliée avecelle-même, que d'obstacles a-t-il fallu braver ! Que de combatsfranco-français a-t-il fallu affronter ! Que de rivalités ont dû êtreneutralisées !Pour rallier les hommes de l'armée des ombres à son symboleet convertir les « féodaux » de la Résistance à une logique d'État,le chef de la France a dû surmonter des difficultés inouïes. Ceux-ciavaient eu leur propre cheminement et avaient couru les risquesles plus extrêmes. Ils entendaient, une fois sortis du mondeclandestin, constituer le pôle autour duquel s'organiserait larenaissance politique. Le retour en grâce des partis ne leur en a paslaissé la possibilité.Il faut ajouter que la résistance et la non-accommodation n'ontpas toujours, en France, dans l'Empire ou à l'étranger, empruntéla voie gaulliste et s'y sont parfois même opposées. Bien loin del'image qu'il a donnée de lui après guerre, le gaullisme n'a pas puabsorber toutes les postures du refus. La Résistance s'est longtempspensée sans de Gaulle, sinon contre lui. Et le Général alui-même été conduit, pour restaurer la République, à penser sonaction sans la Résistance, alors que d'aucuns l'accusaient de préparerl'avènement d'une dictature. N'avait-il pas seulement tenté de résoudre cette ultime ettoujours actuelle question : comment une élite nouvelle peut-elletransformer une révolte morale en un fait politique ?