Depuis dix ou quinze ans, l'on voit s'effondrer les modèles d'autorité jusque-là reconnus _ de type tantôt paternaliste, tantôt technocratique. Ce mouvement, s'il ouvre peut-être la voie à une société plus libre, n'en laisse pas moins un vide angoissant, qui peut conduire aux pires tentations.Car " le besoin d'autorité est fondamental " et la question se pose partout: dans la famille comme dans le rapport aux institutions, dans la vie amoureuse comme dans les relations de travail.Un problème aussi vaste exige que l'on renverse les barrières disciplinaires étriquées; aussi verra-t-on ici voisiner enquêtes psycho-sociologiques et références philosophiques, Tocqueville et Dostoïevski.L'ambitieux projet de Richard Sennett _ celui, pour ainsi dire, d'une anthropologie de nos sociétés modernes _ comportera, après Autorité, trois autres ouvrages d'inspiration semblable, consacrés à la solitude, à la fraternité et au rituel.Richard Sennett, 38 ans, a fondé et dirige à l'université de New-York l' " Institute for the Humanities ". Parmi ses ouvrages, qui lui ont valu aux Etats-Unis une grande notoriété, deux ont été traduits en français: les Tyrannies de l'intimité (Seuil, 1979) et la Famille contre la ville (Recherches, 1980).