« Un grand incendie de forêt produit un son très caractéristique. Personne ne peut vous le décrire àmoins d’y avoir assisté. C’est un son qui peut vous hanter... »L’un des incendies de forêt les plus meurtriers jamais enregistrés s’est déclaré le 23 juillet 2018à seulement 30 km du centre historique d’Athènes, en Grèce. L’artiste Katerina Angelopoulou asurvécu à l’incendie et son prochain livre, The Fumes of Mars, combine ses photographies avec destémoignages personnels d’autres survivants, des chronologies, des cartes et des rapports. À partirde ces éléments, Angelopoulou tente de tisser un récit collectif des événements afin de mieuxcomprendre le décalage violent entre sa propre expérience et le récit « officiel » de la catastrophe,dans lequel les faits ont été dissimulés et les victimes tenues pour responsables.Le livre s’ouvre sur des photographies en noir et blanc montrant les conséquences de l’incendie,accompagnées des témoignages des survivants. Viennent ensuite les photographies prises parAngelopoulou au moment où la catastrophe se déroulait, superposées à sa chronologie des évé-nements. Suivent les preuves recueillies sur les événements, notamment des cartes aériennes, desinformations topographiques, des listes des victimes avec leur lieu et la cause de leur décès, desrapports météorologiques et aéronautiques, des images de vidéosurveillance et de couverturemédiatique, des informations tirées du rapport de l’enquêteur de l’État et des informations sur leprocès en cours. Les dernières images du livre sont celles des objets personnels d’Angelopoulouaprès l’incendie, tels que des restes de bijoux, des livres et des lunettes. Ces preuves rassembléesrevêtent une importance particulière car, après l’incendie, la vérité sur les victimes et leurs famillesa été remise en question à plusieurs reprises. Dans le discours public, les faits ont été dissimuléset reproduits avec de faux arguments accusant les habitants et les victimes.« L’histoire de Mati n’est pas seulement une histoire d’indifférence cruelle et de renvoi de responsabili-té. C’est aussi une histoire de courage moral et de responsabilité individuels, rendue accessible grâce àun reportage agressif. La presse peut exiger des comptes d’une manière que les procédures judiciairescompromises et lentes ne peuvent pas. Elle peut déchirer le filet enchevêtré d’excuses culturelles et deprocessus bâclés qui obscurcissent l’accès du public à l’information. » Michael Herzfeld, extrait de l’es-sai du livre