Mémoires occultéesSi l’histoire des Tsiganes a principalement été construite à partir des instruments de contrôle qui ont pesé sur leur destin, ce sont aujourd’hui les enjeux mémoriels qui émergent dans la sphère publique, principalement à partir des lieux d’internement et de déportation des nomades durant la Seconde Guerre mondiale. En résonance avec ce contexte, nous avons souhaité, à travers ce numéro, interroger les mémoires occultées qui ont contribué à forger l’inscription des groupes tsiganes et voyageurs dans les territoires où ils vivent depuis des décennies ou même des siècles. Assujettis à de multiples déplacements, marginalisés et déclassés, ils sont pourtant porteurs d’une mémoire susceptible d’éclairer l’histoire locale. Des Abattoirs de Montpellier aux Kaskarots du Pays basque, en passant par les petits métiers qu’ils exerçaient ou par l’exploration de fonds d’archives photographiques, les articles de ce numéro interrogent une historicité souvent complexe et passionnante dont la mise à jour relève d’un véritable enjeu de reconnaissance. Dévoiler les mémoires occultées, dont les trajectoires de ces familles sont porteuses, est aussi une manière de lutter contre l’extranéité et l’extraction systémiques de ces populations de nos imaginaires et récits collectifs.